Évaluation: Les misères du Hcr au Cameroun
C’est dans deux
rapports portant sur la situation des réfugiés dans l’Extrême Nord, et les réfugiés centrafricains, que l’organisation
expose ses difficultés.
Selon
Valentin Tapsoba, directeur du bureau Afrique du Haut-Commissariat de réfugiés
(Hcr), l’Organisation fait face à une crise financière sans précédent qui
l’oblige à faire quotidiennement des choix opérationnels difficiles tout en
assistant indifférent à d’autres besoins vitaux des femmes et enfants réfugiés.
Une situation d’autant plus difficile qu’en 2015 sur les 75 millions de dollars
de fonds requis pour soutenir les opérations du Hcr au Cameroun, seulement 35%
de la somme a été versé pour fournir l’assistance minimum aux réfugiés et
déplacés internes (Pdis) dans le pays. «Au
moment où le nombre des réfugiés et des personnes déplacées augmente, les
financements diminuent en raison de multiples crises qui affectent non
seulement l’Afrique mais aussi le monde entier», explique Valentin
Tapsoba.
Sur
le terrain, les deux rapports portant sur
la situation des réfugiés dans l’Extrême Nord du 26 Octobre au 8 Novembre,
et celui des réfugiés centrafricains du 1er au 31 octobre soulignent
notamment la capacité limité du Camp de Minawao pour accueillir de nouveaux
réfugiés, l’insuffisance du nombre de forces de l’ordre déployés à Minawao pour
assurer la sécurité du camp de Minawao (17 éléments pour plus de 47 000 réfugiés)
et la carence du personnel de santé dans les centres de santé. Il ajoute à cela
l’insuffisance de partenaires pour la protection de l’enfance, les difficultés
rencontrées dans l’acheminement des vivres vers les Pdis et populations hôtes
en raison de l’insécurité, et capacité limitée des infrastructures publiques de
santé autour du camp Minawao, dans le Centre de santé de Gadala et à l’hôpital
de district de Mokolo. De ce fait, le Hcr au Cameroun note le «faible plateau technique des structures
sanitaires des zones d’accueil de réfugiés», et appelle à «l’amélioration de la vaccination de routine
dans les sites abritant les réfugiés».
Dans
le rapport inter agences sur la situation dans l’Extrême Nord, l’organisation
dévoile des cas de maladies dans les sites et camps. Ainsi sur un total 1992 consultations donc 653 enfants de moins
de 5 ans réalisées dans le camp de Minawao, le Hcr a enregistré 468 cas
d’infection respiratoire toutes localisations confondues et 404 cas de
paludisme diagnostiqués. «Les infections
respiratoires représentent 24% des
affections relevées pendant les consultations probablement à cause du
changement de saison qui s’opère actuellement dans la région», souligne le
rapport. D’après les données sur la surveillance épidémiologique, le rapport
note qu’«un cas de suspicion de Fièvre Jaune
a été identifié dans l’aire de santé Gadala tout proche du camp de Minawao.
L’échantillon a été envoyé au Centre Pasteur de Garoua pour investigation».
Tandis que la situation est préoccupante du côté des réfugiés centrafricains de
la région de l’Est Cameroun, où l’on note cinq cas de Fièvre Jaune et cinq cas
de rougeole, donc trois cas de décès maternels en communauté, dans le cadre du
renforcement des activités communautaires dans les aires de santé de Mandjou,
Bazzama, Guiwa-Yangamo et Ndokayo dans les districts sanitaires de Bertoua et
Betaré Oya.
Pour
les cas de rougeoles dans l’Extrême Nord, sur les 166 986 personnes donc 12 224 enfants âgés de 6 à 11mois,
50 351 de 12 à 59 mois et 104 411 de 6 à 15 ans, qui ont été
vaccinées contre la rougeole dans les
districts sanitaires de Bourha et de Mora, l’on a noté parmi ces derniers
54 763 réfugiés et personnes déplacées internes (Pdls) touchées par ce
fléau dont 53 221 dans le district de santé de Mora et 1542 dans le
district de santé de Bourha.
Dans
le cadre des soins de santé primaire des réfugiés centrafricains, sur les 7962
consultations curatives effectués, l’on a enregistré 11 décès dus au paludisme, à des infections
respiratoires et aux gastro entérites ont été enregistrés durant le mois d’octobre.
Par ailleurs dans le cadre des activités de santé liés au Hiv, «6 nouveaux cas de patients Hiv sont
éligibles aux Arv».
Stratégies de
protection
Pour
le directeur du bureau Afrique du Haut-Commissariat de réfugiés (HCr), face aux
attentats multiples perpétrés au Cameroun où l’on note la forte présence des
femmes et enfants kamikaze, «aujourd’hui,
il faudrait repenser la protection traditionnelle qu’on faisait avant. Parce
qu’avant c’est aux communautés qu’on demandait de protéger les enfants et les
femmes qui sont un peu la souche faible qui est exposé». Ainsi, des
décisions doivent être prises au regard du fait que près de 60 à 70% de la
population des camps sont des femmes et enfants. «Donc le phénomène enfant, on doit le traiter vraiment de façon
significative. Parce qu’il faudrait pour un certain temps les vacciner, et
créer des espaces enfants pour ceux qui ne sont pas en âge d’aller à l’école»,
explique Valentin Tapsoba.
Par
ses stratégies à outiller, l’organisation entend empêcher l’enrôlement des
femmes et enfants en tant que kamikaze. «Si
les enfants n’ont pas quelques choses à faire du matin au soir, ils sont
facilement exposés aux gens de mauvaises intentions qui peuvent les embobiner.
Et c’est pour cela que nous disons que chaque membre du Hcr est un agent de la
protection», appuie Valentin Tapsoba.
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