Affaire Afrique Média: Guerre ouverte entre Issa Tchiroma et Peter Essoka
Le ministre et
le vice-président du Cnc se la mènent par communiqués interposés, autour de la
réouverture de la chaîne de télévision fermée en août.
«Le vice-président et les membres du Cnc
réitèrent à l’attention de l’opinion publique que la sanction du conseil
portant suspension temporaire de la chaîne Afrique Média reste en vigueur
jusqu’à son exécution effective et complète, sauf mesure contraire que seul le
conseil est habileté à prendre». Telle est la quintessence du communiqué du
Conseil national de la communication (Cnc), faisant suite à la demande de levée
de la mesure de suspension temporaire prise à l’encontre de la chaîne de
télévision Afrique Média par le Ministre de la communication Issa Tchiroma. Faisant
fi de la demande du porte-parole du gouvernement, le Cnc par cette mesure
revendique son indépendance au ministère de la communication. «Le ministre nous a fait une demande, mais
malheureusement elle a été publié avant que nous n’ayons donné une réponse»,
explique Peter Essoka, vice-président de la Cnc.
Peter Essoka et Issa Tchiroma, vision différente |
Pour
ce dernier, son «plasma administratif», relève du premier ministre donc doit
venir les décisions les concernant. Un parallélisme de forme qui déroute
lorsqu’on se penche sur la lettre du ministre de la communication adressée au
Vice-président du Cnc et copiée au Secrétariat général des services du Premier
ministre, ministère de l’administration territorial et de la décentralisation
(Minatd) et gouverneur du centre. D’après cette lettre, «en application des dispositions des décrets n°s 2011/408 du 9 décembre
2011 portant organisation du Gouvernement et 2012/380 du 14 septembre 2012
portant organisation du ministère de la communication, stipulant chacun en ce
qui le concerne, le suivi des activités du Conseil national de la communication
par mon département».
Selon
Albert Patrick Eya’a, directeur des informations d’Afrique Média, le Cnc n’est
qu’une excroissance du ministère de la communication. «Le Cnc est créé en aval dans le domaine de la communication mais en
amont, c’est le ministre de la communication qui gère la politique au Cameroun
en matière de la communication. Si on dit qu’ils dépendent du premier ministère
cela ne veut pas dire qu’ils sont indépendants.
Sinon pourquoi lorsque leurs sanctions ont des problèmes, ils font
recours au gouvernement pour que celles-ci soient appliquées. Pourquoi
aujourd’hui quand on leurs demande d’ordonner la levée de la suspension
d’Afrique Média, ils estiment qu’ils sont indépendants», s’insurge Albert
Patrick Eya’a.
Les armes s’affutent
D’après
le Conseil, tant qu’Afrique Média continuera d’émettre sur le territoire
national, la sanction ne pourra être levée. Puisqu’il était question dans «la décision prise par le Cnc non pas de
fermer ses bureaux, mais de suspendre effectivement ses émissions pour une
période d’un mois», formule Peter Essoka. Un imbroglio donc s’insurge le
directeur des informations, qui souligne qu’Afrique Média est une chaîne
panafricaine. Selon lui, après la pose des scellés, le Cnc a fait une
tournée nationale pour demander aux câblo-opérateurs, d’enlever le signal de la
chaîne de leur bouquet. «Ce qui a été
fait par ces derniers depuis deux mois. L’émission Afrique Média n’émet pas
qu’au Cameroun. Ils ne sont pas au fait de ce que la technologie a évolué en
matière de télévision. Si le Cnc estime donc que la sanction n’a pas été
exécutée à leurs goûts, nous, on sait que cette sanction a effectivement été
exécutée. Puisque le 6 août 2015, les scellés ont été apposée sur les portes
d’Afrique Média à Yaoundé et le 10 août à douala. On est largement au-delà des
délais», souligne Albert Patrick Eya’a.
Se
basant sur la décision du ministre de la communication, ces derniers comptaient
établir un procès-verbal. Mais arrivée
dans l’après-midi au siège d’Afrique Média, en compagnie d’un avocat et d’un
huissier de justice, le directeur de l’information d’Afrique Média constate que
les scellés ont été arrachés. «Maintenant
on se pose une question, qu’est ce qui se cache derrière ses agissements là ?
Parce que nous ne pouvons plus obtenir ce Procès verbale de scellés afin d’aller
produire au tribunal pour justifier qu’effectivement la voie de fait perdure»,
note Me Robert Yambi, avocat de la chaîne.
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