La quête de l’emploi : un casse-tête pour les jeunes diplômés

 

Chaque année, ils sont plus d’un millier de jeunes camerounais à frapper aux portes des entreprises à la quête d’un emploi qui pourra leurs permettre de subvenir à leurs besoins et garantir leurs avenirs.



Dossiers en main, sac en main ou au dos, tenue vêtement propre et élégant, sourire aux lèvres et regard confiant. Comme tous les matins, c’est avec une mine déterminée et l’espoir de trouver du travail que Mirabelle et Fabiola se lance dans la dure réalité du travail. Diplômées depuis un an en médecine et ressources humaines, elles commencent à maîtriser le procéder et le style de questions qui leurs seraient posées. « Généralement, on nous demande ce que nous savons faire, puis qu’est-ce qu’on peut apporter à l’entreprise, et il nous demande si on a déjà exercé dans le domaine d’emploi que nous sollicitons » confie Fabiola Ngassa, infirmière diplômée d’Etat.


Tenant en main, une dizaine de demandes, les chercheuses
d’emploi espèrent trouver un emploi dans n’importe quelle domaine d’activités. Pour elles, il n’est plus question de choisir mais de trouver son gagne-pain. « Après mon diplôme, j’ai longtemps cherché sans succès, un travail dans mon domaine de formation, qu’aujourd’hui je ne cracherais pas sur un poste de serveuse dans un bar, du moment que s’est bien payé et que je suis traitée avec respect. Au fil du temps, mon rêve d’avoir sous ma responsabilité un personnel dynamique et compétent avec en plus un salaire bien rémunéré s’est estompé. Si j’avais su que ma formation ne valait rien dans le monde du travail, je n’aurais pas fait ce choix de carrière… disons plus tôt d’absence de carrière », révèle Mirabelle NGONO, diplômée d’un Master en Ressources Humaines.


La dure réalité

Une mentalité partagée par un grand nombre de jeunes qui pour certains se sont lancés dans le commerce, la conduite et dans l’auto-emploi pour les plus chanceux. Pour Gérard, taximan le rêve de travailler comme comptable dans une grande structure ou d’entrer dans la fonction publique a disparu depuis. Après l’obtention de son master en comptabilité et gestion, il a travaillé pour quelques structures qui ne payaient pas bien, entre 30 000 et 50 000 Francs CFA. « J’ai essayé les concours rien. Après dix tentatives dans les concours pour entrer à la fonction publique, mon père m’a trouvé un réseau pour entrer à l’ENAM, le million que ma famille a voulu dépenser, j’ai détourné ça pour m’acheter mon taxi. Pendant deux ans mon père ne m’a pas adressé la parole pour ça, mais aujourd’hui quand il voit le terrain que j’ai pu acheter grâce à mon métier de taximan, il est fier de moi. Et comme j’aime à lui rappeler, j’aurais pu accepter si c’était l’école normale mais l’ENAM, pour y intégrer c’est un combat pour les titans », ajoute-il avec le sourire aux lèvres.

Pour Emmanuel DJIFO, employé dans une entreprise à Bertoua, la difficulté dans la quête de l’emploi des jeunes ne se trouve pas uniquement au niveau des entreprises, ni des employeurs mais ceci vient aussi du mauvais choix des jeunes dans l’orientation scolaire ; et du fait qu’ils sont nombreux à ne pas penser à l’auto-emploi comme une option de carrière. 

Patricia Nya NJAOUNGA

 

Commentaires

  1. Sujet très pertinent dans un pays où le taux global de chômage en 2021 était de 3,9% selon l'OIT, soit 6,6% pour les jeunes de 15ans à 24 ans selon la banque mondiale. Pourquoi les chiffres du chômage sont-ils si bas au Cameroun ? En France il serait de 7,3% en 2021 selon l'INSEE. Le Cameroun serait-il meilleur élève en terme de création d'emploi que la France ? D'autant plus qu'une étude montre qu'en 2011, le taux de chômage était de 23,8% pour les jeunes de 17ans à 35 ans avec une forte disparité entre homme et femme (EESI, 2011). Plusieurs questions se pose: qu'est ce que le chômage? et quelles techniques sont utilisées pour compter les chômeurs?

    Un deuxième point est à relever, celui de la pauvreté. Au Cameroun, le taux de pauvreté s'élève à près de 40%, avec 25,7% de la population dans une situation d'extrême pauvreté. Ce niveau de pauvreté pourrait en partie s'expliquer par le salaire minimum au Cameroun qui reste très bas malgré son augmentation. il avoisinerait les 40.000francs CFA (soit 60€ ou encore 80$ soit soit 2,66$ par jour). Que peut-on faire avec cette somme dans un pays où le coût de vie est de plus en plus cher; allant du coût du loyer, à la nutrition, sans compter la santé, le transport, l'éducation des enfants si on en a, etc.

    Un troisième point que j'aimerai soulever est la politique publique pour la création d'emploi. D'après l'étude Politiques publiques et emploi des jeunes : une étude empirique du cas Camerounais de AVOM Désiré et NGUEKENG Bernard; l'Etat camerounais a mis en place de puis des décennie des mécanismes pour favoriser l'emploi des jeunes. Nous pouvons notamment citer les campagne de recrutement massif des agents publics. Les auteurs précisent dans leur étude que de nombreux dispositifs pour soutenir l'auto entreprenariat des jeunes ont également été mis en place par l'Etat camerounais depuis les années 90. Mais quels sont ses dispositifs ? Qui est charger d'informer et d'accompagner les jeunes dans la mobilisation de ces dispositifs? Quels sont leurs bilans?

    En fin j'aimerais parler des abus des employeurs. Ma petite sœur travaille depuis bientôt un an dans une entreprise nouvellement créer dans la ville de Bertoua. Depuis un an, elle travaille sans salaire avec espoir qu'un jour elle sera enfin embaucher pour un contrat à durée indéterminée comme promis à son "embauche". Qui au sein du gouvernement camerounais contrôle le respect du droit des travailleurs soit respecté et que des abus comme ceux-là ne soit plus d'actualité? Pourquoi les travailleurs Camerounais acceptent ils d'être autant exploités? Quel recours peuvent ils entreprendre pour obtenir justice? J'espère que ma petite sœur aura le courage de partager cette expérience et ces nombreux expériences dans la recherche d'emploi, en tant que salarié et également auto entrepreneure.

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