Lutte contre la poliomyélite: Les parents entre doute, peur et suspicion



A la veille du lancement du vaccin polio injectable (Vpi), les craintes de parents se multiplient quant aux méthodes d’approches utilisées pour administrer le vaccin.
Rencontrés dans les rues, dans les marchés ou encore à domicile, ils sont nombreux ces parents qui s’opposent à l’administration du vaccin polio injectable (Vpi), prévu pour le 15 juillet. Depuis cette annonce du ministre de la santé publique, André Mama Fouda, lors d’un point de presse donné le 8 juillet dernier, portant sur la nouvelle formule de Vpi pour lutter contre la poliomyélite, le doute se renforce sur les vraies raisons de ces campagnes de vaccination qui se multiplient. Beaucoup redoutent des répercussions néfastes sur le long terme. «Cela ne me dis rien qui vaille. Avec le dehors qui est mauvais, le vaccin polio injectable doit se faire dans les hôpitaux ou les formations sanitaires et par les médecins. Si on inclut des agents qui viennent toquer à ma porte pour injecter mon enfants alors là je dis non» s’insurge Madame Beroiad.
D’après Olive, une jeune mère, l’ajout du vaccin injectable au vaccin polio orale n’est pas le bienvenu. «Pourquoi inclure l’injection à l’orale? Si l’injection est plus forte que l’oral alors il faudrait plutôt réfléchir à augmenter la concentration des gouttes. Ce sera difficile et carrément impossible pour moi de laisser un agent de santé injecter mon enfant» s’oppose-t-elle. La qualité des agents vaccinateurs fait problème. «Je ne pourrais pas accepter que mon enfant soit injecté par un agent de santé parce que je ne sais pas de quel centre il vient. Le fait que le ministre l’a annoncé ne change rien. Dans les hôpitaux c’est plus sûre, car s’il y a des répercussions néfastes pour mon enfant, je saurais où me rendre et qui poursuivre» confit Sandrine Tchoukam. «Je n’ai pas confiance à l’injection surtout quand il s’agit de vaccin. Les injections quand ce n’est pas bien fait cela peut paralyser l’enfant. J’ai vu à la télé une mère qui lançait un appel à l’aide après que son enfant ai été paralysé de suite d’une injection de vaccin. En connaissance de cause, je ne ferais pas prendre des risques à mon enfant. Les gouttes ça va, c’est bon» souligne une mère au foyer.        
Pour d’autres, c’est le rejet complet, alimentées par des suspicions nées de la redondance. «Tout excès nuit. Cinq ou six vaccins en six mois, cela commence à susciter des curiosités. Je voudrais voir le ministre de la santé administrer ce vaccin à son enfant. Quoiqu’il en soit, je n’en veux plus, que ce soit par voie orale ou injection. Qu’ils m’attendent à l’hôpital» vocifère un parent. Pour Michel, père de famille, cet acharnement de vaccin de la poliomyélite sur les enfants devient curieux quand on sait que ce n’est pas la seule maladie qui nécessite un vaccin. «Quand le pays devient gentil comme cela, c’est curieux. On attend qu’on aide les enfants autrement. Peut-être qu’il y a un agenda caché derrière cela. On n’est à la 4e ou 5e campagne contre la polio en quelques mois, c’est trop. J’ai des doutes. En temps normal tous les enfants devraient être protégés avec la quantité de vaccin qu’on leur a déjà fait ingérer» dénonce un passant.               
Il n’y aura pas de campagne de vaccination
Selon Dr Lemnye, pour réussir cette campagne pendant les séances de vaccination dans la communauté, il faut mettre de côté les agents de santé pris sur le tas et engager les personnels médicaux qualifiés. «Dans les procédures invasieuses notamment en ce qui concerne les vaccins, le risque est permis. La réponse est très forte et il peut y avoir des fièvres, des douleurs et autres symptômes secondaires. S’il n’y a pas un professionnel pour expliquer cela aux parents lors de la vaccination, cela installera la peur et même la panique chez les parents» explique-t-elle.
Et pourtant il s’avère qu’il y a malentendu entre l’opinion et le Ministère de la santé publique. Le vaccin étant inscrit dans le calendrier vaccinal de routine. Et cette nouvelle formule de vaccin polio injectable concerne les enfants âgés de 14 semaines (3 mois et demi) à 11 mois, les principales cibles du programme élargi de vaccination (Pev). Au Pev, on tente de recadrer les choses: « il n’y aura pas de campagne de vaccination et les vaccins se feront dans les hôpitaux», rassure Joëlle Flore Mandeng, chef section C4D du Pev. Selon cette responsable du Pev, dans cette nouvelle formule, il est question d’inclure le vaccin polio injectable dans le calendrier vaccinal de routine. «C’est lors du vaccin de routine dans les hôpitaux, que l’enfant recevra le vaccin polio orale auquel il sera ajouté le vaccin polio injectable. Cette double dose a notamment l’avantage de réduire considérablement le risque de résurgence du poliovirus sauvage (Pvs) type 2, et de stimuler l’immunité contre les poliovirus de types 1 et 3 qui permettra de réduire la vulnérabilité mondiale aux Pvs encore existants et d’accélérer l’éradication dans les zones infectées» explique-t-elle.   

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