Autisme: Près de 3 millions de camerounais touchés
C’est
sur la base de formation, perfectionnement, et recyclage des professionnels qui
interviennent dans le domaine de l’autisme, que s’est ouvert le colloque
inaugurant la 9e édition de la journée camerounaise de l’Autisme
tenu ce mardi 31 mars à la Fondation Chantal Biya.
Ils sont chaque année
près de 3 millions de camerounais touché par l’autisme. Ce trouble de
développement qui se manifeste chez les enfants à partir de 2 à 3 ans est le
plus souvent ignoré par les parents qui y voient un coup du mauvais sort. Ainsi
le thème de cette année porte sur l’«Autisme : comprendre pour mieux gérer
les troubles du comportement». Un appel lancé autant du côté des traitants que
celui des parents. «Le thème est claire.
Pour comprendre l’autisme, il faut d’abord comprendre qu’est-ce que l’autisme?
C’est la raison pour laquelle un colloque est organisé ici même à la fondation
Chantal Biya, pour mieux gérer les troubles comportementaux» affirme
Jacques Fame Ndongo, ministre de l’enseignement supérieur, au cours de la
cérémonie de lancement du colloque.
Une sensibilisation donc c’est engagée le centre de
prise en charge de l’autisme Orchidée Home qui met en œuvre toutes les actions
de formation, d’information et de sensibilisation auprès des familles, des
pouvoirs publics et du grand public à travers les séminaires de formations et
congrès. Selon Marie Mélanie Bell, présidente du centre, face à l’enfant qui se
rétracte et mord les autres, il faut savoir comment gérer cela. «Nous recommandons de ne pas paniquer mais
de savoir diagnostiquer ce type de comportement» soutient-elle. Dans le
cadre de la lutte contre l’autisme, le centre Orchidée Home de Douala et la
Fondation Chantal Biya ont déjà à leur actif le fonctionnement effectif du
Pavillon scolaire Chantal Biya à Douala et la formation des professionnels de
premier cycle universitaire.
Durant ces journées
camerounaises de l’autisme, une formation de perfectionnement et de recyclage
sera offerte notamment aux médecins, infirmiers, orthophonistes,
psychothérapeutes, psychopathologues, psychologues cliniciens, étudiants en
médecine, familles.
En parallèle des
activités, la commémoration de la 8ème édition mondiale de sensibilisation à
l’autisme sera célébrée ce jeudi 2 avril au palais de congrès de Yaoundé.
Entretien
Serge
Lin Babilama
«La prise en charge des
enfants autistes est extrêmement coûteuse»
Le
psychomotricien au Centre Mère-enfant de la Fondation Chantal Biya, explique
les difficultés liées au traitement de l’autisme au Cameroun.
Qu’est-ce
que l’autisme et comment cela se présente?
L’autisme est défini
comme un trouble du développement qui se manifeste habituellement à partir de 2
à 3 ans chez les enfants. Cela se présente sous trois signes majeurs: un défaut
de communication verbale et non verbale c’est-à-dire l’enfant peut ne pas
parler ou alors il peut avoir des difficultés à faire des gestes notamment de
la tête pour dire oui ou non. Il a des difficultés en ce qui concerne les
interactions sociales. Habituellement ce sont les enfants qui peuvent rester
seuls, développer des gestes seuls, dans leur coin. Ces deux situations permettent
de constater qu’ils présentent des troubles de comportement c’est-à-dire les
deux cas ont pour conséquences des troubles de comportements. Cela peut-être
des enfants qui crient de façon inappropriée, incompréhensible. Ce sont des
enfants qui peuvent avoir des mouvements répétés comme bouger les mains, marcher
sur la pointe des pieds, et sautiller.
Maintenant les signes
d’alertes que les parents peuvent détecter, sont des enfants ou des bébés qui
ne pleurent pas trop, qui sont trop sage, qui sont calme. On ne connait pas
quand l’enfant fait caca, ou quand il veut manger et il n’exprime pas trop ses
émotions. Un bébé qui peut avoir un retard dans les acquisitions c’est-à-dire
un enfant qui ne marche pas à temps et habituellement il y a aussi certains
enfants qui à partir de deux ans et demi, trois ans parlaient normalement et
après subitement ils arrêtent de parler et font une régression
Quand un enfant
présente ce signe là, le parent doit venir consulter. Il peut consulter un
neuro-pédiatre qui pourra demander des examens complémentaires et à la suite de
ces examens, on pourra poser le diagnostic et engager une prise en charge.
Comment
se passe la prise en charge d’un enfant autiste ?
Dans la prise en charge
habituellement elle est pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’il y a plusieurs
professionnels qui interviennent. Un psychologue intervient en ce qui concerne
les troubles du comportement, un psychomotricien intervient lorsqu’il y a des
difficultés psychomotrices et un spécialiste thérapeutique participe à aider
l’enfant à mieux gérer le quotidien. Donc il y a pas mal de professionnels. Quand
un parent constate tous ses symptômes, il faudrait qu’ils viennent en
consultation.
Et
comment se déroule le suivi de l’enfant ?
Tout d’abord l’autisme
n’est pas une pathologie comme le paludisme où après un traitement ou une cure,
on pourrait s’attendre à ce que la guérison suive. Mais c’est un trouble qui
dure toute la vie et on travaille pour que l’enfant puisse au maximum parvenir
à une certaine autonomie. C’est une prise en charge qui dure presque toute la
vie. Elle est à long terme. Maintenant dans la prise en charge, il ya des
objectifs qu’on se fixe par exemple, il faut que l’enfant ait acquis la
propreté, s’il n’a pas encore acquis la notion de propreté, il faut que
l’enfant soit capable d’exprimer un besoin même si ce n’est pas en parlant mais
au travers des images. C’est pour cela qu’il y a certains systèmes comme la
communication au travers des images des histogrammes qui sont mis sur pieds pour permettre à l’enfant
d’entrer dans une certaine autonomie et ne plus trop dépendre entièrement de sa
famille.
Est-ce
que les parents sont ouverts sur le problème de l’autisme ?
Ce n’est pas facile. Il
y a des parents qui acceptent, mais ils ont besoin d’être accompagné, d’être
soutenu parce qu’effectivement tout parent, quand il met son enfant au monde,
il s’attend à ce que son enfant soit le meilleur de tous les enfants. Maintenant
l’enfant commence à présenter des difficultés et, cela fait que tout le rêve
qu’on avait de l’enfant s’éteint et c’est une souffrance. C’est pourquoi ils
ont besoin d’être accompagné. Mais ce n’est déjà pas évident. Nous les
comprenons parce que c’est comme une perte. Mais de plus en plus de parents
comprennent parce qu’il y a ouverture à la connaissance donc ils peuvent faire
des recherches là-dessus, mais les parents ont besoin d’être accompagné pour
accepter la difficulté de leurs enfants.
Sur
le plan financier, est ce que la famille couvre tous les frais de
traitement ?
Non, la prise en charge
des enfants autistes est extrêmement coûteuse, c’est pourquoi l’État doit
essayer de mettre des systèmes sur pieds. Par exemple pour une prise en charge
pluridisciplinaire, s’il faut qu’un enfant rencontre un orthophoniste, un
psychomotrice, un psychologue, un pédiatre et qu’il est un traitement médicamenteux
associé, cela fait beaucoup de dépense et ce n’est pas évident pour un parent
moyen de faire en sorte de suivre tous ces soins. C’est pourquoi ce n’est pas
accessible mais ici au Centre Mère-enfant de la Fondation Chantal Biya, on fait
l’effort à ce que les soins soient le moins couteux possible. La seule chose que
je peux dire la dessus c’est que les plaidoyers, les suggestions qui seront
faites, soient considérer et que les structures qui s’occupent de ces enfants
soit vraiment soutenue par l’État parce que je ne pense pas que ce devrait être
un combat isolé mais un combat collectif, global vraiment une synergie de toutes
les compétences possibles
je n'aurais jamais cru qu'une telle journée existait au pays. c'est merveilleux de voir ses enfants entourés, accompagnés pour ce qu'ils sont, des enfants comme tous autres.
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