Banque africaine de développement : Huit prétendants, un fauteuil


Le nouveau patron de la Banque Africaine de Développement (BAD) sera élu le 28 mai prochain, lors de l’Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs, présidé par l’Ivoirien Albert Mabri Toikeusse.
A quelques jours de la fin du mandat de Donald Kaberuka à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), ils sont huit candidats venus des quatre coins de l’Afrique et au C.V bien garni à battre campagne pour prendre la tête de la banque panafricaine. Un nom sortira parmi les candidats que sont : Kordjé Bedoumra, Akinwumi Adesina, Sufian Ahmed, Jalloul Ayed, Jalloul Ayed, Cristina Duarte, Samura Kamara, Thomas Sakala, Birama Boubacar Sidibé, lors de l’Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs, présidé par l’Ivoirien Albert Mabri Toikeusse.
Donald Kaberuka
Pour sa part, et malgré de multiples sollicitations, Allasane Dramane Ouattara, le président ivoirien donc le pays garde le siège provisoire de la Banque, s’est refusé à prendre officiellement position pour l’un ou l’autre, selon Jeune Afrique.
Une élection qui intervient alors que la BAD amorce un tournant décisif de son histoire avec pour objectif fondamental de « contribuer au développement économique et au progrès social de ses États membres, individuellement et collectivement ». Après que les jalons d’une nouvelle ère ont été posés en 2005. «Donald Kareruka a imprimé sa volonté de transformer l’institution dont l’objectif majeur est d’éliminer la pauvreté en Afrique. Il en a réorganisé le fonctionnement et l’a engagé à explorer de nouvelles frontières comme le développement d’un marché unique africain et la multiplication des opérations pour une transition vers la croissance verte» résume le monde.fr. Avant l’élection du nouveau patron de la BAD, les spéculations vont bon train. Vuparfifi.blogspot.com, vous propose une revue des huit concurrents à la succession de l’ancien ministre rwandais des Finances. 

Kordjé Bedoumra
Architecte de la modernisation
Ancien Vice-Président chargé des Services Institutionnels de la BAD, Kordjé Bedoumra est fort de ses 29 ans d’expérience au sein de l’institution Panafricaine. Il rentre au Tchad en 2012, après ces trois décennies à la Banque africaine de développement (BAD), où il apparaît comme le pivot des efforts de modernisation dans son pays. Il entend améliorer l’efficacité opérationnelle de l’institution en se concentrant sur les dossiers d’urgence notamment en se focalisant sur les priorités, simplifiant les procédures administratives et opérationnelles, optimisant le budget et en s’employant à ce que la décentralisation puisse apporter tous ses bénéfices d’efficacité opérationnelle à la structure.
Avant de devenir Ministre des Finances et du Budget en octobre 2013, Kordjé Bedoumra a d’abord occupé les postes de ministre du Plan, de l’Économie et de la Coopération Internationale, et celui de secrétaire Général de la Présidence. En dehors de ses charges gouvernementales, ce dernier assure en octobre 2014, la présidence  du Conseil des gouverneurs du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale pendant les Assemblées Annuelles de ces deux Institutions à Washington. La même année, il a été président du Conseil d’Administration de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et Président du Comité Ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC).
Mais son vrai combat reste pour son pays le Tchad, où depuis son retour, il suit une feuille de route claire notamment doter le pays des instruments modernes de gestion et de bonne gouvernance, nécessaires pour pérenniser l’essor économique permis par les revenus pétroliers. Son défi dans ce cadre est d’atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Il a ainsi a mis en œuvre des réformes qui ont permis au Tchad d’obtenir le 1er août 2014, l’Accord du FMI au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), qui conduira, après plus de 10 ans d’attente, à la concrétisation de l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Pays Pauvres très endettés (IPPTE), attendu pour l’année 2015.
Il est le candidat de la sous-région qui a décidé de le soutenir à l’unanimité lors de la 12e session ordinaire de la conférence des chefs d’État de la Cemac.

Akinwumi Adesina
Le candidat de l’égalité
Le ministre nigérian de l'Agriculture Akinwumi Adesina est candidat au poste de président de la Banque Africaine de développement (Bad).  Spécialiste du développement de l’agriculture, il entend lutter contre la pauvreté en résolvant les fortes irrégularités entre les pays et à l’intérieur des pays. Sa vision repose sur la poursuite de la décentralisation et sur le soutien accru aux initiatives privées. En tant qu’actuel ministre nigérian de l’Agriculture et du Développement rural nommé en 2010, il a permis à son pays de battre des records en matière de production agricole avec une politique de réforme du système de financement de l’agriculture.
Avant sa performance en tant que ministre de l’Agriculture, il préside au destiné de l’association africaine des économistes spécialistes de l’Agriculture et prouve habileté dans le domaine. Son approche particulière de l’agriculture africaine lui vaut la médaille du prix Yara en 2007 à Oslo en Norvège, pour la révolution verte en Afrique, son travail réalisé dans le domaine des intrants agricoles et sa participation dans la création de réseaux agro-commerçants en Afrique. Le Dr Akinwumi Adesina reçoit un an après le Distinguished Alumni award agricoles de l’Université de Purdue. Son combat pour une autosuffisance du continent en matière agricole n’est plus à prouver. Akinwumi Adesina a occupé plusieurs postes notamment dans des centres internationaux de recherche agricole. Il est Consultant sur les questions de développement agricole et était le principal organisateur du Sommet africain sur les engrais pour les Chefs d’États en 2006.
L’envol de sa carrière se situe en 1988 lorsqu’il bénéficie d’une bourse de recherche de la Fondation Rockfeller, un organisme qui promeut le progrès scientifique et le bien-être dans le monde. Il occupera de 1999 à 2003, le poste de Représentant de cette fondation en Afrique Centrale, et celui de Directeur-adjoint pour la sécurité alimentaire au sein du même organisme de 2003 à 2008. Le candidat à la présidence de la BAD peut compter sur sa cote auprès du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon dont il a eu recours à l’expertise pour implémenter les objectifs du millénaire pour le développement.
 
Sufian Ahmed
Reporter le succès éthiopien à la BAD
Grand argentier de l’Éthiopie depuis 20 ans, Sufian Ahmed, ministre des Finances et du Développement économique dans son pays, veut agir en faveur de la modernisation de la gestion de la Banque africaine de développement. En vingt ans de carrière en Éthiopie, il a su redresser l'économie de son pays. Refusant de mener campagne dans les grandes capitales occidentales, c’est depuis son fief à Addis-Abeba qu’il compte s’attirer des voix en Afrique. Par cette technique, il espère que le vainqueur sera choisi pour ses compétences et sa vision plutôt que pour d'obscures raisons politiques.
Dans son pays, il est au centre des grandes réformes économiques qui ont abouti à l’Éthiopie qui selon lui était «associé jadis à la famine et à la pauvreté, d'être aujourd'hui l'une des économies les plus performantes du continent». Selon les statistiques du FMI, le PIB par habitant de l’Éthiopie s’est vu multiplié par quatre lors de son arrivée aux finances en 1995. Ce qui lui vaut le titre de “doyen des ministres de Finances” en Afrique. Sa campagne s’axe sur trois points: renforcer les capacités de financement, apporter la meilleure expertise possible et surtout moderniser le management "pour rendre la BAD plus réactive dans la gestion des dossiers et ainsi accélérer la concrétisation des projets" affirme-t-il.
De 1993 à 1994, il était Chef du bureau du Commerce d’Oromia, une région administrative du pays où il a assuré entre 2000 et 2001, le poste de Vice-président. De 1994 à 1995, il a assumé le poste de la Direction générale de l’Autorité  éthiopienne des douanes. Il siège depuis 1996 au conseil d'administration de la BAD. C’est grâce à ses compétences en finances et sa maîtrise en développement économique et planification à l’université d’Addis-Abeba, que l’Union africaine a obtenu le premier emprunt obligataire international pour un montant d’un milliard de dollar, en  décembre 2014. C’est avec tout le soutien de son pays, que Sufian Ahmed se présente à la présidence du BAD. 

Jalloul Ayed
L’économiste de terrain
L’un des premiers à avoir annoncé son intention de briguer la présidence de la BAD, Jalloul Ayed, président de Med Confederation, ancien ministre tunisien des Finances, est le candidat de la Tunisie. Il fait de l'intégration économique de l'Afrique, de la promotion des PME, de la réforme du système financier et de la mobilisation des marchés de capitaux, les principaux points de son programme pour le continent. Titulaire d'un master en économie de l'université du Maryland (États-Unis), il fait ses armes dans différentes fonctions chez CitiBank de 1980 à 1998, avant de rejoindre en 1998 la Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE), où il assure les fonctions d'administrateur et de directeur général et dont il encourage le développement au Sénégal et au Cameroun. Son expérience dans le secteur financier et bancaire, le pousse à plaider pour une BAD plus proche des marchés de ces secteurs.
En Janvier 2011, Jalloul Ayed est rappelé en Tunisie pour occuper le poste de Ministre des Finances au sein des deux gouvernements de transition qui ont suivis la révolution tunisienne. Durant son passage au ministère, il supervise la préparation du Programme Économique et Social (le "Plan Jasmin") que la Tunisie présente au G8 dans le cadre du partenariat de Deauville. Ce dernier a aussi servi en qualité de Sherpa dans les réunions du G8.
Convaincu que l'investissement public, mais surtout privé, représentent l'épine dorsale du développement socio-économique inclusif et durable, et la solution prioritaire à la problématique du chômage, M. Ayed a initié une refonte complète des cadres réglementaires régissant la micro-finance et le capital investissement. Il a aussi créé la Caisse de Dépôt et de Consignation tunisienne ("CDC") dont l'objectif de promouvoir la création de fonds d'investissement qui accompagnent le développement des PME/PMI. Il inaugure, en 2006, AXIS capital Tunisie, une filiale de gestion d'actifs, d'intermédiation boursière et de conseil. Depuis 2013, il préside l'organisation Med Confederation, qui promeut la coopération, l'intégration économique et les échanges entre les pays riverains de la Méditerranée.

Cristina Duarte
Mieux que le genre, la réforme et l’efficacité
A 52 ans, Cristina Duarte, ministre des finances et du plan du Cap-vert, est la seule femme à briguer la présidence de la Banque africaine de développement. Titulaire d’un MBA en Finance internationale et marchés financiers émergents décroché en 1996 aux Etats-Unis d’Amérique, elle compte sur son expérience, son profil, et sa motivation, pour apporter des réformes à la Bad pour plus d’efficacité. Cristina Duarte fait partie des membres de l’équipe de choc qui a sorti son pays du sous-développement.
De 1986 à 1991, elle occupe la fonction de directrice générale des études et de la planification au ministère du Développement rural dans son pays le Cap-Vert. Un an plus tard, elle devient consultante internationale jusqu’en 1993 auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Banque mondiale. Cette candidate cap-verdienne a été cadre dirigeante du groupe Citibank au Kenya et en Angola de 1997 à 2003, avant d’être nommée ministre des Finances et du plan. Elle a notamment été la vice-présidente du Corporate Banking & Financial Markets (financement des entreprises et marchés financiers) pour cette banque américaine de taille internationale à Luanda. 

Avec 59,88% des sondages Financial Afrik, Cristina Duarté fait figure de candidate favorite à la présidence de la Banque Africaine de Développement, et son expérience en tant qu’ex-dirigeante de Citibank, ministre depuis 2006, que la candidate compte se distinguer.

Samura Kamara
La décentralisation au rendez-vous
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la Sierra-Léone, cet économiste a été le ministre des Finances de son pays entre 2009 et 2012, après avoir occupé pendant trois ans le poste de gouverneur de la Banque centrale. Il plaide en faveur d’une poursuite de la politique de décentralisation de la BAD, afin de la rendre plus efficace. Ce candidat considère en outre que la banque doit renforcer ses propres fonds. Candidat le plus méconnu face à ses adversaires, Samura Kamara se dévoile au reste du monde en septembre à la tribune des Nations unies lorsqu’il s’inquiète de la propagation rapide du virus Ebola.
Économiste formé à l'université de North Wales, au Royaume-Uni, il connaît les rouages des institutions internationales pour avoir été, de 2006 à 2007, fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier a dirigé la banque centrale de Sierra Leone entre 2007 et 2009, jusqu'à ce que le président Ernest Bai Koroma choisisse de lui confier le ministère des Finances de 2009 à 2012, au sein duquel il avait travaillé quelques années plus tôt. Apprécié par le président Sierra-Léonais, pour sa franchise et sa compétence professionnelle, il reste en quelque sorte un conseiller économique du chef de l’État Kabbah.
A Washington DC, ce féru de l’économie s’est habitué aux logiques de Bretton Wood, indispensable pour conduire les destinées d’une institution multilatérale comme la Banque Africaine de Développement.

Thomas Sakala
Le Sud mentor des réformes
Seul représentant de l’Afrique australe parmi les candidats à la succession de Donal Kaberuka, cet économiste a été adoubé par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) qui en a fait son unique candidat. Ancien vice-président de la Banque africaine de développement, chargé des programmes pays, régionaux et des politiques, il a passé 31 ans au sein de cette institution avant de prendre sa retraite en octobre dernier. Il prévoit s’attaquer à la mise en œuvre des principales réformes institutionnelles en construisant une Afrique confiante, intégrée et prospère. Ainsi, il envisage combler le déficit des infrastructures en Afrique, répondre aux situations régionales de fragilité et se battre pour une Afrique des économies vertes.
En septembre 1983, date de son intégration au sein de la BAD, il fait du chemin respectivement au sein de la division en charge du développement des ressources humaines pour l’Afrique de l’Est, du département du développement social pour la région Nord, Est et Sud. Il assume de manière remarquable ses responsabilités au point d’être désigné le Représentant résidant du bureau de la Banque au Nigeria.
Avec des compétences avérées, Thomas Sakala incarne au mieux la mise en œuvre des principales réformes institutionnelles au sein de la BAD. Il construit sa réputation dans la fonction publique zimbabwéenne en faisant partie de l’équipe de chercheurs qui a réalisé la première enquête sur la main d’œuvre.
Et depuis lors, Secrétaire du comité interministériel chargé de la sélection des recrutements d’étrangers au Zimbabwe, il a fait de la transparence, son hobby. Partout où il assume des responsabilités, Zondo Thomas Sakala entonne ce credo. De son expérience à la BAD, il envisage faire bouger les lignes de la gouvernance à un niveau élevé de l’institution panafricaine.

Birama Boubacar Sidibé
Le catalyseur des investissements
Ancien directeur général de Shelter Afrique, cet ingénieur est depuis janvier 2009 le vice-président opérationnel de la Banque islamique de développement (BID). Après 24 ans à la Banque Africaine de Développement et Shelter Africa dont il fut directeur général, en posant sa candidature, Birama Boubacar Sidibé aspire à donner une nouvelle dynamique à l’institution financière continentale. Chargé des opérations de l’institution, il a joué un grand rôle dans l’intensification des activités de la banque en Afrique subsaharienne. Ce candidat n'a jamais occupé la moindre fonction gouvernementale au Mali.
Diplômé de l’École Nationale du Génie rural et des Eaux et Forêt (Paris) et titulaire d’un master en « Eaux et Assainissements » de l’Université de Montpellier, Birama n’avait pas postulé à la BID. Sa désignation s’est faite sur l’étude de plusieurs dossiers par un comité de recherche qui voulait doter la BID d’une stature africaine  forte. De 1979 à 1982, il a été chef de division des études de bases à l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal.
Du fait de son rôle dans l’intensification des activités de la banque en Afrique subsaharienne, son professionnalisme et son sens élevé du devoir sont reconnues et respectés du monde des finances et de l’économie mondiale. Fort de ces expériences, Birama Sidibé entend insuffler une nouvelle dynamique à l’institution financière africaine.


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